Désert d'Atacama pile de vêtements

Le saviez-vous : le désert d’Atacama est recouvert de piles de vêtements

Désert d'Atacama pile de vêtements
Crédit : Martin BERNATTI – AFP

Peut-être en avez vous déjà deviné la raison..

Pourquoi le désert d’Atacama est-il recouvert de piles de vêtements ? (Notamment dans les régions les plus reculées)

La fast fashion est la cause de tout cela. On vous en parle plus en détail dans cet article.     

Localisé entre l’océan Pacifique Sud et la ceinture volcanique centrale des Andes, le désert d’Atacama est l’une des régions les plus sèches de la planète. Alors que les dunes couleur ocre et sommets explosifs composent souvent le paysage, 39 000 tonnes de textiles divers s’ajoutent chaque année à ce panorama.

Pour cause, face à la croissance exponentielle de la fabrication de vêtements dans le monde, le Chili, spécialisé dans la friperie, se retrouve inondé de textiles de seconde main : pantalons, pulls, bottes de pluie et même après-ski. Ainsi, ces vêtements arrivent dans des décharges non contrôlées, comme celle près d’Alto Hospicio dans la province d’Iquique.

Tous les ans, c’est plus de 59.000 tonnes de vêtements qui arrivent au port d’Iquique, à 1.800 km au nord de Santiago. Les arrivages de textiles sont d’abord triés avant d’être revendus dans des magasins de seconde-main dans le pays ou exportés vers d’autres destinations latino-américaines.

L'apparition d'une tendance avec de fortes conséquences

Néanmoins, ce cycle économique semble à première vue favoriser la gestion des ressources textiles. Il fait face à une augmentation exponentielle de la quantité de vêtements fabriqués dans le monde au cours des deux dernières décennies. Depuis le XXe siècle, les vêtements sont de plus en plus considérés comme des articles à usage unique et l’industrie s’est fortement mondialisée. Les vêtements étant généralement conçus dans un pays, fabriqués dans un autre et vendus dans le monde à un rythme de plus en plus rapide

La Fondation MacArthur dans son étude appelé « A new textiles economy : Redesigning fashion’s future », démontre que cette tendance s’est accentuée au cours des 15 dernières années. Notamment avec l’augmentation de la demande de textiles par une classe moyenne montante. En plus de cela, l’émergence du phénomène de la fast fashion a entraîné un doublement de la production sur la même période, selon un rapport de l’ONU.

Un changement inéluctable pour le processus d’acheminement du textile

Vis-à-vis de toujours plus de déchargements provenant d’Europe, d’Asie ou d’Amérique du Nord, le port chilien s’est rapidement retrouvé débordé par une surcharge de masse textile.

Sur les 59 000 tonnes de vêtements débarquées, seules 20 000 ont effectivement circulé sur le continent. En conséquence, près de 40 000 tonnes de vêtements invendus et non désirés finissent chaque année par camion dans le désert le plus aride du monde, où les dunes sont littéralement recouvertes de piles de textiles.

Les conséquences néfastes de cette économie débridée et téméraire sont multiples. Si les drames humains qui surviennent dans la fabrication de nos vêtements : exploitation des enfants, mauvaises conditions de travail, atteintes à la santé des travailleurs dues à la manipulation non protégée de produits chimiques toxiques sont de plus en plus dénoncés dans les médias

Dès lors qu’il y a une nouvelle production, il y a un impact négatif sur l'environnement

Cependant, les externalités environnementales négatives de cette production sont multiples. L’ONU estime que l’industrie de la mode est responsable de 8% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

« Quand on pense aux industries qui ont un impact néfaste sur l’environnement, la construction, l’énergie, les transports et même la production alimentaire, on pense probablement à ces industries. Cependant l’industrie de la mode est largement considérée comme la deuxième industrie la plus polluante au monde. »  A déclaré l’organisation internationale dans un communiqué révélé dans son rapport sur le sujet.

En amont de la chaîne d’approvisionnement, c’est surtout la grande quantité d’eau nécessaire à la fabrication textile qui est remise en cause. Par exemple, il faut près de 8 000 litres d’eau pour produire des jeans. Ce qui équivaut à la quantité d’or bleu dont une personne moyenne a besoin pour survivre pendant sept ans.

D’après un rapport onusien, il y a environ un demi-million de tonnes de microfibres qui se déversent dans l’océan à travers notre machine à laver et nos vêtements préférés, ce qui équivaut à 3 millions de barils de pétrole. Dans l’ensemble, l’industrie de la mode représente environ 20 % des eaux usées mondiales.

Il existe encore trop peu de filières de recyclage

La même histoire se répète à la fin de la vie d’un produit. Les méthodes de recyclage sont encore inefficaces. Selon la Fondation Ellen MacArthur, seulement 1% du matériau utilisé pour fabriquer des vêtements est désormais utilisé pour fabriquer de nouveaux vêtements.

En conséquence, McKinsey estime qu’au total, moins des deux tiers de la production mondiale finissent dans des décharges ou des incinérateurs. De plus, une partie importante de celui-ci est fabriquée à partir de tissus synthétiques qui contiennent des composés hautement toxiques. Qu’ils soient enfouis sous terre ou laissés à l’air libre comme dans le désert d’Alto Iquique, leur décomposition chimique peut prendre des décennies, polluant inévitablement l’air et les eaux souterraines environnantes.

En somme, il est entendu qu’il est urgent d’inverser cette tendance. Pour ce faire,  « les marques de mode et les fabricants doivent être responsables de la transformation de l’industrie textile en un système qui respecte les limites de la terre et les besoins et préoccupations des clients », a déclaré Greenpeace dans le cadre de la campagne Detox My Fashion.

impacts de la fast fashion

Quels sont les effets néfastes du Fast fashion ?

impacts de la fast fashion

Il y a quelque jours, Arte a diffusé sur sa chaîne Youtube un reportage sur les effets néfastes du Fast Fashion et les problèmes de l’industrie de la mode en général.

Nous ne pouvons que trop recommander de regarder ce documentaire signé Gilles Bovon et Édouard Perrin (qui devrait être diffusé dans les établissements scolaires tant il est passionnant). Mais pour celles et ceux qui n’ont pas le temps de le visionner, en voici un modeste résumé.

Qu’est-ce que le Fast Fashion ?

C’est une tendance de l’industrie de la mode à vouloir produire de nouveaux modèles de vêtements en grande quantité et ce dans les délais les plus courts possible. Quel est le problème ? C’est que c’est fatalement en dépit non seulement de la qualité du produit, mais aussi de son originalité.

En effet, on découvre dans le reportage que l’une des marques les plus connues en matière de Fast Fashion : Zara, n’hésite pas à reproduire des modèles d’autres marques, mais s’aide d’un service juridique pour que le nombre de différences soit suffisant afin d’éviter les poursuites judiciaires.

Grâce à cette technique s’apparentant à du plagiat, Zara peut proposer chaque mois pléthore de nouveaux vêtements low-cost, vendu dans des grands magasins. Jouant également sur la psychologie des consommateurs, ils misent sur le caractère éphémère des ventes « Edition limitée », « Si vous n’achetez pas cette robe cette semaine, vous n’y aurez plus jamais accès ! » (Alors qu’ils en ont encore plein en stock …).

Malheureusement, c’est le culte de la nouveauté, de la consommation de masse, et de l’achat compulsif.

Les réseaux sociaux jouent aussi un rôle dans la Fast Fashion, notamment par l’intermédiaire des influenceurs dont les tarifs des placements publicitaires sont proportionnels à leur popularité, notamment auprès des adolescents qui sont le cœur de cible.

Quelles conséquences du Fast Fashion dans l’industrie de la mode ?

La nouveauté constante et la consommation de masse implique un certain cynisme que ce soit dans le processus de fabrication ou même dans la livraison des clients.

Leicester au Royaume-Uni est un cas d’école dans ce domaine : l’esclavage moderne qui prédomine dans ses usines textiles a été mis en lumière dernièrement par la formation d’un cluster, à cause d’un protocole sanitaire inexistant.

Dans le documentaire, on y voit des employés payés 3 livres à l’heure (le salaire minimum au Royaume-Uni est de 7 livres / heure), sans aucune formation et sans aucune protection sociale. S’il n’y a pas de travail aujourd’hui : les ouvriers rentrent chez eux sans être payé.

Quand ces pratiques sont mises en lumière, les grandes marques comme Boohoo préfèrent remettre la faute sur les sous-traitants. Ainsi ils nient toute responsabilité.

Cette position est la même pour ce qu’il s’agit des livraisons : le E-commerce explosant, la livraison gratuite en un jour ouvré aussi. C’est plutôt une bonne chose non ?

Le « hic », c’est que les marques de Fast-Fashion ne sont pas très regardantes non plus sur la précarité des livreurs. En général, ils ne sont pas salariés, n’ont aucune licence (ce qui est normalement obligatoire pour les livreurs) et sont payés à la tournée. Mais pour le coup ça n’émeut pas tant que ça, car pour le client : tant que le produit est livré, le statut social du livreur n’est pas spécialement son problème.

Autre problème généré par ces livraisons (a fortiori les retours) : c’est l’empreinte carbone laissée par les livreurs qui doivent conduire des fourgons à longueur de journée.

Greenwhasing : les marques deviennent écoresponsables … ou pas ?

Le problème du Fast Fashion (à part bien sûr l’esclavage moderne, l’impact sur les ouvriers et l’environnement, et la mentalité consumériste en général), c’est que ça finit par se voir. Les marques pratiquant le Fast Fashion ont fini par se retrouver sous le feu des projecteurs pour leur mauvaise pratique, et ont donc décidé de se mettre au vert.

Ou du moins c’est ce qu’ils prétendent. En réalité ils revendiquent désormais une image (erronée) de marque écoresponsable, notamment en s’appuyant sur la viscose. La viscose est un textile végétal qui est, certes biodégradable, mais dont le processus de fabrication nécessite l’utilisation du disulfure de carbone (CS2). Celle-ci peut provoquer des graves de problèmes de santé pour les ouvriers (maladie des yeux, perte de fertilité …), ainsi que pour les habitants environnants via la pollution de l’eau.

Les habitants près des usines produisant de la viscose contractent des maladies graves dû à la pollution de l'eau.
Les habitants près des usines produisant de la viscose contractent des maladies graves dû à la pollution de l’eau.

Au final : non seulement la Fast Fashion pervertit l’écologie, mais pollue encore davantage en mettant en danger les habitants des zones concernées.

Le Slow fashion est-il une solution ?

Comme son nom l’indique, le Slow Fashion consiste à ralentir la vitesse de fabrication des vêtements pour privilégier non seulement la qualité du produit final, mais aussi pour respecter l’environnement et les ouvriers.

Cependant, c’est moins rentable pour les grandes marques. C’est donc à nous de changer notre manière de consommer, et d’être non seulement plus vigilant aux marques que l’on achète, mais surtout à la composition de nos vêtements.

Date de publication : 22 mars 2021

Derrière les étiquettes, connaissez-vous les vraies victimes de la mode ?

Quatre ans après l’effondrement d’un immeuble abritant des ateliers textiles au Bangladesh, les conditions de fabrication des vêtements à bas coût peuvent encore s’améliorer.

Acheter du chocolat exhibant le sourire de son producteur sur l’emballage, cela ne surprend plus. Pour les vêtements en revanche, il ne viendrait pas à l’idée des grandes enseignes de mettre en avant leurs conditions de fabrication.

En effet, une photo d’ouvriers entassés dans une usine délabrée n’a rien de très vendeur… Depuis que l’économie est mondialisée et que les marchandises voyagent, les marques ne cherchent plus à produire au plus près des clients, elles préfèrent réduire les coûts. 

A la différence de l’industrie automobile qui a délocalisé des usines entières, la couture nécessite peu de technologies : les marques font appel à des entrepreneurs qui ont leurs propres ateliers et fournissent plusieurs clients. Le 23 avril 2013, 1 127 personnes sont décédées dans l’effondrement du Rana Plaza, un immeuble de huit étages plein d’ateliers textiles dans la capitale du Bangladesh, Dacca. La catastrophe a mis en lumière la face sombre de nos vêtements : des ouvriers parfois mineurs, travaillant douze heures par jour, six jours sur sept dans des usines sans ventilation ni contrôles sanitaires. Le tout pour une trentaine d’euros par mois…

Date de publication : 19 avril 2017

Le lien entre la maladie de Parkinson et les pesticides officiellement reconnu

Un pas de plus vers la reconnaissance des maladies professionnelles des agriculteurs.

Lundi 7 mai, est entré en vigueur un décret qui reconnaît la maladie de Parkinson comme maladie professionnelle et établit explicitement un lien de causalité entre cette pathologie – seconde maladie neurodégénérative en France après Alzheimer – et l’usage des pesticides.

Un pas de plus car, dans ce domaine où règnait jusqu’ici la loi du silence, la prise de conscience des effets des produits phytosanitaires sur la santé des agriculteurs commence seulement à émerger. Et à porter ses fruits. En février, la victoire d’un céréaliculteur charentais, Paul François, qui avait intenté un procès contre le géant américain Monsanto, a constitué une première en France. La firme a été jugée responsable de l’intoxication de l’agriculteur par les vapeurs d’un de ses herbicides, le Lasso – retiré du marché en 2007 en France, alors que sa dangerosité était connue depuis plus de vingt ans.

Quelques jours plus tard, ils étaient plusieurs dizaines d’exploitants à manifester au Salon de l’agriculture, devant le stand de l’Union des industriels de la protection des plantes. Leurs revendications : le classement des affections liées à l’usage des pesticides en maladies professionnelles et le retrait des produits dangereux.

Le 30 avril, c’est une autre décision, celle de la Commission d’indemnisation des victimes d’infraction (Civi) d’Epinal, qui est venu apporter de l’eau au moulin : ce jour-là, l’Etat a été condamné à indemniser un agriculteur céréalier de Meurthe-et-Moselle souffrant d’un syndrome myéloprolifératif. D’abord reconnue comme maladie professionnelle, la pathologie est alors associée par la Civi à l’usage de produits contenant notamment du benzène.

 

UN DÉCRET « TRÈS ATTENDU »

Dans ce paysage qui commence doucement à évoluer, le décret concernant la reconnaissance de la maladie de Parkinson était donc « très attendu », note Guillaume Petit. L’agriculteur appartient à l’association Phyto-victimes, créée en mars 2011, et avec laquelle Paul François a, l’un des premiers, brisé le silence en attaquant Monsanto. Lui a attendu quatre ans avant de voir sa pathologie reconnue comme maladie professionnelle. « Combien voient leur demande refusée ? Combien aussi y renoncent, devant la difficulté ? », interrogeait-il lors de la création de cette association.

 

Tracteur pulvérisant des pesticides
Des agriculteurs victimes de pesticides veulent rompre le silence

 

    L’entrée de la maladie de Parkinson dans les tableaux des maladies professionnelles du régime agricole facilitera donc les démarches pour les agriculteurs chez qui cette pathologie aura été diagnostiquée moins d’un an après l’usage de pesticides – le texte ne précise pas lesquels. « C’est une reconnaissance officielle qui est, déjà, importante sur un plan symbolique, note Guillaume Petit. Mais c’est aussi le moyen, pour l’agriculteur, d’être pris en charge financièrement, en fonction de son taux d’incapacité à poursuivre son travail. »

 

EN DIX ANS, CINQ MALADIES LIÉES AUX PESTICIDES RECONNUES

    Jusqu’ici, selon Yves Cosset, médecin du travail national adjoint à la Mutuelle de la santé des agriculteurs (MSA), seuls vingt cas de maladies de Parkinson ont été rapportés aux comités de reconnaissance des maladies professionnelles en dix ans. Dix ont été acceptés, dix refusés. Dans la même période, seuls quatre ou cinq cas de maladies ont été officiellement reconnus comme causés par les pesticides.

    Au total, ce sont 4 900 pathologies qui sont reconnues chaque année comme maladies professionnelles chez les agriculteurs. Mais plus de 90 % d’entre elles sont des TMS (troubles musculo-squelettiques), le reste des cas étant principalement liés aux animaux et à la poussière de bois ou d’amiante, selon Yves Cosset.

    Dans les tableaux des maladies professionnelles du régime agricole, on trouve ainsi, par exemple, la maladie de Lyme – causée par les tiques –, le tétanos ou encore les hépatites. Mais aussi quelques pathologies liées aux produits phytosanitaires. Est notamment cité, depuis 1955, l’arsenic, responsable d’une large gamme d’affections – irritations, intoxications ou cancers. Ou encore le benzène, classé comme cancérogène certain, et le pentachlorophénol (PCP), interdit dans les pesticides depuis 2003.

    Mais, rappelle Yves Cosset, « ces tableaux évoluent au fur et à mesure des connaissances de la science. Or, la plupart des pathologies liées aux pesticides apparaissent de manière différée, dix, vingt, voire trente ans après le début de leur usage. Dans la médecine du travail, on a commencé à parler de l’amiante dans les années 1960, et ce produit n’a été mentionné dans ces tableaux qu’en 1998 pour les cancers. Il n’est donc pas exclu que d’autres pathologies émergent et soient reconnues dans les années à venir… »