Le coton biologique, ou coton bio, désigne une fibre de coton produite sans pesticides chimiques ni engrais synthétiques. Contrairement au coton conventionnel, qui utilise des produits chimiques nocifs, la culture du coton biologique repose sur des pratiques écologiques et responsables. L’objectif est de minimiser les dégâts causés à l’environnement tout en offrant une alternative plus saine pour les producteurs et les consommateurs.
Généralement, le choix du coton biologique s’inscrit dans une démarche vertueuse globale, il ne s’agit pas uniquement de cultiver le coton de manière biologique. D’autres aspects peuvent être repensés, les conditions de travail, le choix d’une méthode de transport la moins polluante, le choix d’un packaging écoresponsable, le choix d’une teinture sans produits nocifs..
Sommaire
Que fabrique t-on avec le coton bio ?
L’utilisation que nous faisons du coton biologique est similaire à celle du coton. Il est souvent utilisé dans le secteur de l’habillement pour fabriquer des vêtements. Il peut aussi être utilisé dans d’autres secteurs comme l’ameublement comme le linge de maison, les tapis, les rideaux.. Ou bien dans des produits d’hygiène comme le coton hydrophile, les cotons-tiges..
Est-ce que le coton bio est écoresponsable ?
Le coton bio peut être considéré comme écoresponsable pour plusieurs raisons :
- Empreinte carbone : Particulièrement faible car il n’utilise pas d’engrais synthéthiques qui libèrent de l’oxyde d’azote qui est une source majeure d’émissions de gaz à effet de serre.
- Consommation d’eau : On trouve différents chiffres en fonction des sources, mais d’après le rapport de WWF, il consommerait 25x plus d’eau que le coton bio. Selon le rapport de Textile-exchange, il s’agit de 10x plus d’eau consommée pour le coton non-biologique. La différence entre ces deux résultats s’explique par la complexité du sujet, il y a de nombreux paramètres à prendre en compte, comme le concept d’empreinte bleue (arrosage et irrigation), l’empreinte verte (eau de pluie ou humidité naturelle du sol). De plus, les comparaisons sont susceptibles de varier en fonction des régions.
- Santé des sols : Le fait de ne pas utiliser de pesticides synthétiques aide à maintenir la qualité du sol et à prévenir le déversement de substances toxiques dans les cours d’eau.
- Absence d’OGM : Le coton biologique est cultivé sans organismes génétiquement modifiés.
La culture biologique promeut également des pratiques de conservation des sols et de l’eau, comme l’utilisation des matières organiques, le paillage, la collecte et le recyclage de l’eau et une utilisation plus efficace des systèmes d’irrigation.
Généralement, ces pratiques vertueuses sont compilées dans des guides fournies par des organismes locaux, souvent liés avec les labels et certifications. Si vous souhaitez en savoir plus, cliquez ici pour voir un manuel de référence pour l’afrique de l’ouest (Guide de production du coton biologique et équitable).
Le reportage « Coton : l’envers de nos tee-shirts – Cash investigation » complet ici : https://www.youtube.com/watch?v=_8dwxQGMgBw
Quels sont les améliorations sociales liées à la culture du coton bio ?
Du point de vue social, les impacts positifs du coton biologique sont nombreux. En optant pour des fibres biologiques, les producteurs et travailleurs du monde entier bénéficient de meilleures conditions de travail. Les communautés impliquées dans la culture du coton bio sont exposées à moins de substances toxiques, ce qui améliore leur santé et leur qualité de vie globale.
Pour promouvoir l’agriculture biologique du coton, les producteurs peuvent avoir un accès facilité à des terres, ils ont la possibilité de mettre en place d’autres cultures de rentes (canne à sucre, riz..). En Inde, en 2010, les cultivateurs bio ont obtenu des marges brutes 32% supérieures à celles des autres producteurs. Toujours en Inde, une étude plus récente a montré que les coûts de production des cultivateurs de coton conventionnel étaient plus élevés comparé à ceux qui le cultivent de manière biologique et ce d’environ 21% avec des rendements comparables.
Les droits de propriété des femmes sont mieux reconnus. Sur le même sujet, le label GOTS fait respecter les directives de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) et de la Déclaration universelle des droits de l’homme. On y trouve notamment l’élimination du travail forcé, l’abolition du travail des enfants, la non discrimination notamment sur l’égalité des sexes.
Les fermiers pratiquant l’agriculture biologique ont donc tendance à obtenir des prix plus élevés pour leurs récoltes. Ce commerce équitable contribue à soutenir des économies locales souvent fragiles et à offrir des perspectives de développement durable. Les revenus supplémentaires permettent aux familles de mieux subvenir à leurs besoins essentiels et d’investir dans l’éducation et les infrastructures communautaires.
Quels sont les inconvénients du coton bio ?
La production de coton biologique représente une goutte d’eau dans la production mondiale de coton. Plusieurs raisons peuvent l’expliquer, en fait, la filière rencontre plusieurs obstacles :
- La variabilité des prix
- La situation de monopole des semences génétiquement modifiées dans certains pays. Ce qui empêche de trouver des semences bio.
- Les difficultés de gestion pour les petites exploitations pour passer la période de conversion. Les rendements diminuent pendant la période de conversion au bio, généralement durant 3 ans.
- Les certifications qui ont un coût trop élevé pour de nombreux agriculteurs.
Où est cultivé le coton bio ?
La filière de coton biologique serait née dans les années 1990. On constate qu’elle grossit au fil des années, ce qui semble être une bonne chose, mais la réalité c’est que sa progression est très lente.
Sur la production mondiale de coton, la production mondiale de coton biologique était évaluée à :
- 0,1% en 2006
- 0,5% en 2016/2017
- 1,4% en 2023
Les principaux pays producteurs de coton biologique en 2020/2021 étaient :
- L’Inde : environ 38%
- La Turquie : environ 24%
- La Chine : environ 10%
Quels sont les labels qui permettent de reconnaître du coton vraiment biologique ?
Pour garantir l’authenticité du coton biologique, plusieurs labels et certifications existent.
Global Organic Textile Standard (GOTS)
Le GOTS est l’un des certificats les plus reconnus, si l’on ne devait garder qu’un label ce serait celui-ci. Il couvre toute la chaîne d’approvisionnement, de la récolte des matières premières à la fabrication jusqu’à l’étiquetage des produits finis. Pour obtenir cette certification, un produit doit répondre au cahier des charges établi chaque année.
OCS 100 (Organic Content Standard)
Le label OCS 100 se focalise sur la vérification et la traçabilité des matières organiques dans les textiles, assurant qu’au moins 95% des matériaux sont organiques.
OEKO-TEX Standard 100
Même si OEKO-TEX n’est pas exclusivement dédié aux textiles biologiques, il garantit la sécurité des textiles pour la santé des consommateurs par la non présence de produits chimiques nocifs pour l’humain.
Quels sont les labels auxquels il ne faut pas se fier pour acheter du coton bio ?
Le coton biologique pouvant être vendu plus cher et utilisé comme argument marketing pour les produits finaux, tricher peut être tentant. Un label en particulier a retenu notre attention :
BCI (Better Coton Initiative)
Cette organisation à but non lucratif réunit des ONG, des entreprises majeures telles qu’IKEA, Walmart et Louis Dreyfus Company, ainsi que des organisations professionnelles, et revendique en 2022 la certification de 5,4 millions de tonnes de coton, appelé coton durable, soit 22 % de la production mondiale.
Les critères de BCI visent à une gestion raisonnée de l’eau, la protection des sols et de la biodiversité, des conditions de travail décentes et la qualité de la fibre. En théorie, BCI cherche à répondre aux graves problèmes de l’industrie cotonnière, comme le travail forcé, la surexploitation des ressources en eau, rappelons l’assèchement dramatique de la mer d’Aral due à la filière coton en Asie centrale, et l’usage excessif de produits chimiques.
Cependant, malgré ces intentions louables, le label fait face à des critiques sévères. Des organisations environnementales accusent BCI de pratiquer du « greenwashing », car les règles permettent aux marques affiliées de ne garantir que 10 % de coton certifié dans leurs produits dès le départ, avec un objectif de 50 % en cinq ans. De plus, les entreprises peuvent substituer ce coton certifié par du coton conventionnel, tant qu’elles achètent une quantité équivalente ailleurs.
En pratique, cela signifie que jusqu’à 90 % des produits portant le label BCI peuvent ne contenir aucun coton réellement durable. Cette flexibilité excessive remet sérieusement en question la fiabilité du label.
Critiques et controverses autour du coton biologique
Comme tout, la culture du coton biologique n’échappe pas aux critiques. D’une part, certains argumentent que le rendement des cultures biologiques est moins élevé que celui des cultures traditionnelles, ce qui pourrait limiter leur capacité à répondre à la demande mondiale, au moins durant la période de transition. D’autre part, la conversion des terres à l’agriculture biologique demande du temps et de l’argent, décourageant parfois les petits producteurs déjà en difficulté financière.
Par ailleurs, des cas de “greenwashing” ont été relevés où certaines entreprises profitent de l’engouement pour le bio pour vendre des produits prétendument éthiques, sans respecter réellement les standards nécessaires. Voilà pourquoi les labels et certifications demeurent cruciaux pour assurer que votre achat soit réellement en accord avec vos valeurs.
Le coton biologique est-il compatible avec la mode éthique ?
La réalité c’est que des matières comme le lin et le chanvre semblent être les fibres naturelles à privilégier pour correspondre au maximum aux principes de la mode éthique. Une autre réalité c’est que nous ne sommes pas tous habitués à ces fibres, comparé au coton, une fibre naturelle avec laquelle nous avons au moins 1 contact par jour, que ce soit avec nos draps, nos vêtements ou sous-vêtements.
Le coton biologique soulève encore quelques questions, par exemple, il est souvent cultivé en Asie, ce qui entraîne des transports. En revanche, c’est une super alternative au coton non biologique et aux fibres synthétiques en dehors d’utilisation spécifique comme des vestes imperméables.
En résumé, il est clair que le coton biologique certifié GOTS correspond aux standards d’une mode éthique.